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Économie de l’exception culturelle

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Cohen, Elie. 2004. Économie de l’exception culturelle. New York.

Économie de l’exception culturelle

Il y a dix ans les contestataires de l’ordre marchand se rangeaient derrière l’étendard de l’exception culturelle « la culture n’est pas une marchandise » proclamaient-ils. A la domination du modèle culturel américain (le divertissement clairement revendiqué), qui est aussi un modèle industriel, les mouvements sociaux ont opposé une vision de la culture comme d’un bien public mondial, qu’il convient de faire partager au plus grand nombre., dans le respect des diversités. Aujourd’hui à Cancun, forts de leurs premiers succès, les altermondialistes manifestent au cri de : « le monde n’est pas une marchandise ». S’il fallait une preuve de la consistance prise par la thématique de « l’exception culturelle » et des risques qu’elle porte en elle pour un ordre commercial multilatéral on n’en trouverait pas de meilleure illustration que dans ce raccourci entre Punta del Este et Cancun. En même temps si les biens culturels n’étaient que des produits de divertissement et si la langue n’était qu’un véhicule d’information, alors il serait probable que les produits de l’imaginaire américain domineraient la planète et que l’usage de la seule langue anglaise serait optimal pour les échanges. Personne ne conteste aujourd’hui la perte qu’une telle homogénéisation culturelle pourrait engendrer. C’est même souvent ce scénario catastrophe que les défenseurs de l’exception culturelle prétendent vouloir éviter.